LASSALZEDE Claude

Doctorant en sciences de l'éducation

Publié le 5 avril 2018 Mis à jour le 6 octobre 2020

Sujet de la thèse: "Les déplacements corporels au service de la compréhension à l'école élémentaire"
Directeur de thèse: Alain Mouchet, co-directrice: Emmanuelle Maître de Pembroke

Lassalzède Claude
Titre de la thèse
" Les déplacements corporels au service de la compréhension à l'école élémentaire. "

Direction de thèse
Directeur : Alain Mouchet
Co-directrice : Emmanuelle Maitre de Pembroke

Date prévue de soutenance
2021

Discipline de référence
Sciences de l’éducation

Cadre théorique de référence
Cognition incarnée - psychophénoménologie – psychologie cognitive de la lecture - didactique des mathématiques

Méthodes d'enquêtes privilégiées
qualitative en première personne : démarche technologique + entretiens d'explicitation

Terrain d'enquête
Elèves de classes élémentaires

Mots clés
déplacements corporels – décentration – point de vue  - compréhension – école élémentaire

Résumé de l'état d'avancement de la thèse
Ce projet de recherche prend sa source dans un projet professionnel global d'enseignant du premier degré auprès d'élèves de 9-10 ans. Des difficultés inédites ces dernières années chez mes élèves limitent leurs acquisitions scolaires, en particulier une utilisation peu pertinente des ressources à leur disposition, notamment en résolution de problèmes mathématiques. À un autre niveau, les évaluations PISA (2012) montrent un maintien difficile du niveau global des élèves français. Dans le souci constant d'améliorer les réussites scolaires, comment optimiser les ressources pour apprendre chez les élèves ?

Les recherches en psychologie et en psychophénoménologie démontrent largement les bénéfices dus à la décentration sur le développement de l'intelligence, décentration causée par la confrontation à la réalité matérielle ou à l'autre, apprenant ou tuteur. Par décentration, il faut entendre « la capacité du sujet d’adopter un point de vue différent sur une situation concrète, spécifiée, qu’il a vécue. » (Ancillotti & alii, 2014). Dans les dispositifs interactifs, le partage des ressources en grand groupe-classe ou en petits groupes d'élèves facilite les apprentissages (Hauw & alii, 2000 ; Connac, 2009 ; Arripe-Longueville (d') & alii, 2010). Or les enseignants boudent les dispositifs coopératifs (Pantanella, 2004). Et lorsque l'élève se trouve seul face à une tâche, la mobilisation des ressources est souvent défaillante. Comment peut-il mobiliser malgré tout les ressources dont il dispose et qu'il ne sait pas actualiser ?

Chez les cognitivistes comme Piaget (1950) ou chez les sociocognitivistes comme Perret-Clermont (1981) ou Vygotsky (1985), l'engendrement de la décentration est externe. Vermersch (2006, 2012) a décrit une modalité de décentration interne, obtenue par l'utilisation des "dissociés". Ce terme de "dissociés" est un terme générique désignant un autre "moi-même", une autre "instance" spatialement différente (Vermersch, 2017).

Ce projet s'oriente donc vers l'étude des modes d'accès à ses ressources personnelles chez l'élève dans les situations de travail individuel, et vers l'étude de dispositifs d'engendrement interne de la décentration.

Des résultats positifs relanceraient le débat sur les méthodes pédagogiques des situations d'enseignement-apprentissage et pourraient être réinvestis dans la formation des enseignants. Par ailleurs, peu d'études ont été publiées sur l'usage des dissociés de Vermersch chez les enfants de cet âge. Les publications de la revue Expliciter livrent des témoignages et des analyses d'auteurs adultes pour la plupart. L'intérêt scientifique se situerait dans une approche complémentaire aux théories développementales.

L'objet de ma recherche serait la mise en œuvre d'une démarche de décentration en résolution de problèmes mathématiques, en situation de travail individuel, alors que toutes les ressources nécessaires sont à disposition de l'élève et qu'il ne parvient pas à les actualiser.

Les objectifs de la recherche seront de documenter les modes d'accès internes aux ressources notamment grâce aux "dissociés" et leurs effets sur la prise d'informations, la compréhension et la prise de décision dans le présent de l'action, dans des situations de résolution de problèmes mathématiques en situation de travail individuel, ainsi que d'étudier la possibilité et les conditions d'apprentissage d'une démarche de décentration et envisager une didactisation pour la formation des enseignants du premier degré.

La question serait donc de savoir si des élèves de cet âge sont capables de se décentrer seuls et dans quelles conditions afin d'accéder à des ressources nouvelles en situation ordinaire de travail individuel en classe.

L'intérêt d'une approche psychophénoménologique se situe au niveau de la prise en compte de la subjectivité de l'élève, de sa parole et des contenus et actes de son vécu tels qu'ils lui apparaissent et tels qu'il en témoigne (Vermersch, 2012).

L'intérêt des théories de l'action : située (Suchman, 1987 ; Lave, 1991 ; Theureau, 2010) ou distribuée (Hutchins, 1995) entre autres, se trouve dans les interactions sujet-environnement, le rôle actif et constructif du sujet dans cette interaction, l'importance des dimensions culturelles dans l'apprentissage, le développement et le poids de la subjectivité dans l'expérience (Gal-Petitfaux, N. & alii, 2006).

La démarche méthodologique pourra prévoir une triangulation des données : une recueil de la verbalisation du vécu en première personne de l'élève grâce à un entretien d'explicitation enregistré, un enregistrement vidéographique (des supports et matériaux utilisés, des productions écrites, gestuelles, posturales...) de l'élève en action dans la situation et une étude des résultats d'évaluation des travaux d'élèves de ma classe et ceux d'autres classes de l'école et d'écoles voisines.

Les enjeux professionnels se situent dans la diversification des modes d'accès de l'élève aux ressources à disposition, l'amélioration de l'analyse des situations et la plus grande accessibilité à la compréhension et à l'apprentissage.

Ils se situent aussi dans le procès d'autonomisation des élèves face aux situations de travail individuelles ordinaires (devoirs écrits, contrôles de connaissances, cours magistraux), face aux situations d'apprentissage formel à distance (MOOC, cours en ligne), et celles relevant d'apprentissage informel sur écrans (ordinateur, tablettes et smartphones) lors de l'accès à l'internet.